» Catégorie : sagesse du Japon
je veux devenir moine zen !!!
Commentaires » 0« Je veux devenir moine zen » est un roman manifestement autobiographique qui décrit très bien la vie des temples bouddhistes d’aujourd’hui. Son intérêt majeur est de désacraliser complètement la vie monastique, mais tout en en redonnant l’essence réelle qui est forcément celle d’un cheminement intérieur. L’histoire en est simple, c’est un petit garçon qui accompagne son père tous les dimanches faire de la méditation za zen, un jour, il demande à devenir moine.
A partir de là, le chemin qui s’annonce n’est pas du tout celui auquel on pourrait s’attendre. Sans rentrer dans les péripéties du livre (que je vous recommande pour sa profondeur et sa simplicité conjointe), ce qu’on voit, c’est que le choix qui devient forcé et très dur pour le petit garçon, à l’opposé de ce qu’il manifeste et de son caractère, est en réalité certainement celui qui lui convient le mieux. Ce cheminement montre à quel point l’éducation (quel que soit notre âge, quand on veut atteindre quelque chose que nous ne sommes pas encore, c’est une ré éducation qu’on se demande) va contre les tendances au contraire de les accompagner. Forcément difficile et contraignante, c’est en mettant la barre trop haut qu’on parvient à se faire des muscles et à aller plus loin. La vie fonctionne sur le même principe, c’est parce qu’on est forcés à faire quelque chose que souvent, on finit par en développer les compétences et capacités. La question du « goût » est beaucoup plus occidentale et mentale. Aimer faire quelque chose suppose qu’on se donne implicitement le choix de le faire ou pas, et le refus d’adhésion à ce qui est nous semble souvent notre seule porte de sortie (alors que c’est notre prison). Dès lors, ce qui est le plus frappant dans ce livre, c’est que pas une seule fois, le « choix » n’est remis en cause, quelles que soient les difficultés. Le fait de remettre sans cesse en cause les directions prises dans notre vie est sans doute ce qui est le plus dommageable dans notre vision du monde. C’est un des axes de perception différent entre le monde oriental et le nôtre…
Réseaux sociaux et sagesse du monde contemporain
Commentaires » 0Le manga animé SUMMER WARS est un bijou. Sagesse traditionnelle et vision futuriste s’y mêlent en un accord qui évidemment fait penser. A quoi ? a la place réelle de l’homme dans un monde où tout se virtualise de plus en plus. La société des réseaux sociaux crée un monde où les êtres se côtoient dans une autre dimension que celle de la réalité et qui par contre, leur prend trop de temps, pour investir à nouveau, le réel. La vieille grand-mère est puissante, par ses connaissances du temps passé, qu’elle peut joindre avec un vieux téléphone dont les chiffres tournent via une roue de plastique, comme au temps de notre enfance. Pourtant, elle est d’un autre monde, qui jouxte celui du virtuel fou où chacun d’entre nous aurait un double dont l’existence est calqué sur la nôtre. Celui qui réconcilie tout le monde est un garçon timide qui a un génie mathématique, qui ne sert à rien, sinon à l’inhiber, jusqu’au jour où on découvre qu’il est la seule personne pouvant résoudre l’énigme qui va arrêter la folie humaine.
Diverses leçons peuvent être tirées de ce film.
D’abord, que nous sommes face à une évolution du pouvoir. Autrefois humain et incarné, lien de personne à personne, il se joue aujourd’hui dans une capacité à rendre irréel le monde. Il faut choisir son camp, chacun a sa logique, mais si on se trouve entre deux, le risque qu’on ne se trouve nulle part, est grand.
Secondairement, quelqu’un qui a une énorme capacité dans un domaine, trouvera toujours à un moment de sa vie à quoi elle est utile. iI faut donc suivre nos points et essayer de les renfoncer, presque jusqu’au génie.
Enfin, ce n’est pas parce qu’une situation est perdue qu’il ne faut pas se battre, comme si on pouvait gagner, mais avec la grâce de celui qui a les mains libres…
illumination selon le bouddhisme
Commentaires » 0Les bouddhistes prennent souvent pour expliquer l’illumination, l’image suivante : « lorsque l’eau bout dans le récipient, une pression s’exerce par laquelle le couvercle s’ouvre de lui-même, il n’est pas nécessaire d’user de la force. De la même manière, mettez toute votre énergie dans votre tâche et le résultat viendra, comme par inadvertance »
On se pose en effet souvent la question de savoir pourquoi le fait d’accrocher son esprit au présent, de l’y tenir et d’essayer de concentrer toute notre énergie sur ce qu’on accomplit, nous donne une énergie hors du commun et une capacité à obtenir des résultats dont nous n’aurions jamais rêvé. Vivre dans l’anticipation nous fait perdre nos forces et nous coupe de la réalité. On se trouve ensuite totalement déposséder. La seule chose qui nous appartient, c’est de remplir au mieux le moment que nous sommes en train de vivre, sans penser à ce qui peut advenir.
Le même problème se pose quand on se dit qu’on n’a pas suffisamment de temps pour faire tout ce qui nous est demandé, il suffit en fait de faire tout le possible sans réfléchir à ce qui nous reste à accomplir ou à régler. Si on a trop à faire, le fait de se le répéter ne changera rien à la donne et pourra même éventuellement ajouter une dimension d’angoisse qui nous prendra encore davantage notre énergie.
C’est le sens aussi de la parole des Evangiles : les oiseaux du Ciel ne sèment ni ne récoltent, et ne s’inquiètent pas de demain. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça ne signifie pas qu’ils ne font rien et attendent tout de Dieu, mais que vivre en paix est simplement le fait de se mettre au diapason de ce qui nous est réellement possible au jour et heure d’aujourd’hui.
Haiku
Commentaires » 0Le Haïku est un art de l’instant, mais aussi une manière de vivre. Combien de fois voudrait on fixer la fugacité merveilleuse de ce qu’on voit, et de notre ressenti qui s’y pose, comme un oiseau ? Le haïku qui est une forme de poésie brève japonaise est avant tout un art de vivre : être totalement attentif au moment présent et totalement ancré dans notre sensibilité. Rien ne compte davantage que de s’immerger dans l’image qui nous étreint tout à coup et qui se percute à notre être. Le Haïku est avant tout une rencontre entre une personne et un moment, de cette double fugacité peut naître l’éternel. Economie de mots, appui sur les saisons, le haïku est ancré temporellement au fond pour mieux échapper à ses limites. Forme dépouillée à l’extrême, elle est là pour nous rappeler que nous sommes des êtres sensibles et que pétris de la même pâte que le réel, nous ne lui échapperons pas. Les saisons sont ainsi une parabole sur notre brève existence, faite de cycles et de répétitions, mais aussi de moment d’éternel. Nous rappeler que nous ne sommes qu’un petit bout de la nature et essayer de nous faire reprendre à notre compte sa respiration profonde, tel est la philosophie du haïku
Le sceau de la transmission
Commentaires » 0« Le moine Ten-no étudiait depuis neuf années sous la houlette de son maître, nan-Hin. Ce jour-là, il décida d’aller réclamer le « sceau de la transmission » qui l’introniserait à son tour maître zen. Comme il pleuvait, il prit ses sabots de bois et se munit d’un parapluie. Nan Hin l’accueillit avec sa bonté coutumière :
- je suppose, dit-il en souriant que tu as laissé tes sabots de bois et ton parapluie à l’entrée !
- Bien entendu, Maître, répondit Ten-no, je n’allais pas salir l’intérieur du temple !
- C’est bien, dit le maître, et tu as posé ton parapluie à droite ou à gauche de tes sabots?
- C’est-à-dire…, fit Ten-no, déconcerté par cette question saugrenue. Je ne sais pas, enfin, je ne me souviens plus…
Et disant ces paroles, le moine comprit qu’il n’était pas encore digne du « sceau de la transmission », car les hommes ordinaires vivent ainsi, tels des somnabules, et ne sont pas conscients d’instant en instant du monde qui les entoure. Comment approcher l’essence des choses quand on ne sait même pas voir leur apparence?
le moine Ten-no demeura l’élève de son maître six années de plus » (le Moustique, 70 histoires zen)
Ce qu’il faut en retenir, c’est que si vous voulez vous faire une vie meilleure que la normal, il faudra développer une qualité d’attention au monde environnant, et aux êtres humains qui vous approchent, elle aussi, supérieure à la normale…
Un boa…
Commentaires » 0Continuons notre exploration de la sagesse japonaise avec ce conte que j’apprécie beaucoup et qui nous en apprend beaucoup sur l’importance de l’harmonie intérieure… Il pourrait s’intituler : « Chaque chose à sa place ».
Il est tiré du livre de Henri Brunel intitulé le moustique et autres histoires (car une si petite bête peut vous empêcher de dormir toute une nuit et ça pousse à réfléchir…)
« Il était une fois un serpent boa qui vivait en état de guerre civile. Sa tête et sa queue ne s’entendaient pas.
Pourquoi, s’écriait la queue, suis-je toujours derrière et toi devant ? Pourquoi décides tu toute seule du chemin que nous suivons ?
La tête méprisait ses jérémiades et ne répondait pas. Un jour, aux environs de midi, elle aperçut une appétissante grenouille. Elle voulut la saisir d’un mouvement vif, mais la queue s’était solidement entourée autour d’un arbre, et la grenouille, à un souffle près, s’échappa.
Es-tu devenue folle, gronda la tête.
Je ne bougerai pas tant que tu ne reconnaîtras pas mes droits égaux et que je pourrais à mon tour avancer la première et choisir mon chemin !
Pendant trois jours, on palabra. Beaucoup d’insultes et d’arguments furent échangés, que par bienséance je ne rapporterai pas. Au bout du compte, la tête céda ; la queue se désenroula et toute joyeuse de sa victoire, partit à la découverte. Hélas, elle n’avait pas d’yeux et dans le premier ravin qu’elle rencontra, elle tomba, entraînant la tête. Toutes deux périrent en contrebas. »
Objets familiers et esprits amis…
Commentaires » 0Au Japon, tout objet de plus de cent ans d’âge peut devenir un yokaï… Un Yokaï, c’est une sorte d’esprit incarné dans un monstre dont l’allure et la manière d’être explique sa raison de vivre… Il y en a des protecteurs et au contraire, des maléfiques… mais en tout cas, le souci est toujours le même : arriver à vivre en bonne intelligence avec le monde qui est vivant, c’est-à-dire grouillants de petites créatures dont il faut tenir compte.
Au-delà de cet animisme (faire des choses des parcelles de Dieu) traditionnel, ce qui est intéressant, c’est que cette approche donne une autre vision de l’interdépendance : nous vivons dans un monde dont il faut tenir compte car presque à la limite de l’invisible, il y a une dimension où les choses ne sont pas des choses mais des êtres, avec lesquels nous devons co-exister.
Prenons quelques exemples, parlons du Yokaï Akanamé, dont le nom qui semble poétique en Français, veut en réalité dire « lèche crasse ». En fait, si on ne fait pas le ménage, akanamé va venir, et pour éviter de le voir apparaître, ce qui peut être inquiétant, il faut tout tenir bien propre chez soi… C’est un exemple amusant, parce que le fait d’être hygiénique vient d’une crainte de donner aliment à un yokaï, c’est-à-dire en fait ouvrir une porte sur l’autre monde. Une fois celle-ci ouverte, on ne sait pas exactement ce qu’il pourrait en ressortir. La frontière entre visible et invisible doit être tenue fermement marquée, faute de laisser l’étrange s’arroger une trop grande place. Et pourtant, nous parlons ici d’astrologie… qui est elle aussi une porte entre deux royaumes… attention à son yokaï !
Histoires qui ne vont nulle part
Commentaires » 0Au Japon, il existe une légende sur les lanternes et les miroirs anciens. En fait, ils en savent bien plus longs que nous, mais ils ne sont pas les amis des humains et ils ne veulent rien leur révéler. Ces objets savent ce que nous ignorons. C’est un peu comme si on retrouvait notre arrière grand-mère et qu’elle nous raconte le passé. C’est d’ailleurs perturbant parce qu’à une seule génération d’écart, le passé ne nous concerne plus, c’est comme une histoire qu’on nous raconte. Ce qu’il y a de fabuleux dans la généalogie, c’est que ça nous parle de nous sans nous parler de nous… comme l’évocation de souvenirs dont on serait fait sans le savoir. En tout cas, la bonne façon de gérer l’étrange, est de s’en moquer au lieu que ça nous fasse peur. La prochaine fois que vous verrez un fantôme, essayez de l’effrayer au lieu d’avoir peur vous-même, ça devrait bien marcher.
L’autre méthode, car chacun sait que les fantômes sont des cauchemars (pas sûr) c’est de les faire manger à Baku, ce gentil Yokai mange les mauvais rêves, la bonne question est de savoir ce qu’il en fait ensuite, peut-être qu’il les inspire à d’autres !
Wabi Sabi
Commentaires » 1La notion de Wabi Sabi bien connue au Japon suscite l’intérêt des occidentaux. Le Wabi, à la base signifie ce qui est médiocre et pauvre, ou rudimentaire, c’est en tout cas une notion de non élaboré. Progressivement, il est venu à être synonyme de sobriété volontaire. Pourquoi ? parce que si on utilise tout ce qu’on a et que rien n’est inutile, on se rend compte que les possibilités réelles qu’on a, d’ors et déjà, sont beaucoup plus importantes qu’il n’y parait. On accumule, on s’inquiète alors qu’on a déjà en notre possession ce qui est nécessaire pour aller à l’étape suivante. C’est ce qu’indique le Wabi, et on comprend bien pourquoi cette éthique de vie crée un cheminement spirituel. Le Sabi, quant à lui, indique la patine du temps sur les choses, et le fait d’une durée, qui les sculptant, leur donne aussi une valeur unique. Une valeur de « l’appropriation » : ce qui a vécu avec nous, ce qu’on a transformé, ce qu’on a usé nous a appris quelque chose sur nous-mêmes. On parle souvent du principe d’interdépendance bouddhiste, il faudrait aussi parler de celui « d’interpénétration » : ce qu’on rencontre à tous les niveaux de notre vie nous transforme et nous nourrit.
Un travail sur soi est forcément une démarche de dépouillement, pour se rapprocher d’une ligne pure, d’un essentiel, d’une définition sur nous-mêmes et de nous-mêmes qui ne serait pas encombrée de tout un fatras de paramètres sans importance. C’est souvent l’éparpillement ou l’accumulation intérieure qui crée notre déroute. C’est pour cela que la démarche du wabi sabi aide à notre évolution intérieure.
Le vent et l’élément air en astrologie
Commentaires » 0De la présence des 4 éléments, les philosophes ont toujours tiré des théories pour expliquer le monde. De la chimie à l’alchimie, il n’y a qu’un pas, aisément franchi quand on ajoute la dimension de l’Esprit, qui peut être aussi assimilé à un élément de liaison ou de coagulation des différentes dimensions du monde.
Mais symboliquement, les quatre éléments peuvent mener à réfléchir.
L’Air est à la fois le vent, le souffle de l’être vivant et ce qui permet sa vie. Mais lorsque le Dieu créateur veut donner vie à Adam, il lui transmet son souffle vital. Le vent est ainsi porteur d’une forme de création ex nihilo : c’est Dieu qui nous donne sa vie en respirant à travers nous. Ceci est d’ailleurs à rapprocher du fait que dans la tradition hindoue, on dit que la durée de vie d’un homme est comptée par le nombre de ses inspirations/expirations.
Le vent est aussi porteur de messages divins, il est le souffle de l’esprit et bruissement d’ailes des anges.
Derrière cette évidence, il y a aussi le fait que nous lisons dans le « comportement » du monde, les signes de la présence divine. Ainsi, la colère de Dieu se voit dans la tempête, et la puissance du Christ dans celle d’apaiser les éléments.
Des quatre éléments, l’air est le plus immatériel : on peut toucher l’eau, tenir la terre, éteindre le feu, mais le vent, on ne peut qu’en voir ses effets.
C’est une force directement motrice, alors que les autres éléments doivent être transformés pour être utilisés par l’homme. C’est pour cela qu’on dit aussi que c’est l’élément le plus proche de l’esprit divin, justement du fait de son immatérialité.
En astrologie, l’air est l’élément le plus rapide et le plus mutable. Il s’adapte mais tente sans cesse de savoir l’avenir. Rien de ce qui se produit dans le présent ne lui suffit. Cette tension vers le futur ne peut servir que si elle est mise au service d’un autre projet. L’enjeu est donc de parvenir à utiliser les idées et les aspirations qu’on a en vue d’autre chose. L’air est ainsi l’élément qui nous rend « intelligent », nous forçant à inventer la suite…
Essayez de savoir ce que vous pensez du vent, de l’air, et quel est votre rapport avec cet élément, vous comprendrez certainement des choses sur votre manière de concrétiser vos projets…